RD Congo: L’aggravation de la catastrophe humanitaire en Ituri complètement oubliée

La situation humanitaire dans la province d’Ituri, au nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), devient de plus en plus critique, avec plus de 1,6 million de personnes déplacées dans la province à la fin de 2023. La communauté internationale doit cesser de négliger les communautés de l’Ituri et prendre des mesures urgentes pour les aider à jeter les bases d’un avenir pacifique, exhorte le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC).

Alors que l’attention du monde entier est captée par l’aggravation de la situation à Goma et dans ses environs, dans la province du Nord-Kivu, le conflit dans la région voisine de l’Ituri est régulièrement négligé par la communauté internationale. L’augmentation de la violence intercommunautaire a accéléré la rupture de la cohésion sociale entre les communautés, alors que des attaques répétées ont forcé des centaines de milliers de personnes à quitter leur foyer depuis février 2024.

“Nous ne pouvons pas nous permettre de négliger la détérioration du conflit en Ituri. Le manque d’attention internationale au-delà de la crise au Nord-Kivu et la dégradation croissante des relations entre les communautés locales à travers l’Ituri exigent une action immédiate. Nous devons être en mesure de fournir davantage d’aide humanitaire tout en encourageant le dialogue et la réconciliation au niveau local”, déclare Eric Batonon, Directeur Pays du NRC en RDC.

Le nombre d’attaques violentes en Ituri n’a cessé d’augmenter au cours des six derniers mois, avec près de 200 attaques depuis le début de l’année. Les populations locales ont été fortement touchées, car elles ne peuvent pas travailler leurs terres par crainte d’attaques ou de représailles et ne peuvent pas subvenir aux besoins de leurs familles. La violence intense pousse les communautés à se regrouper dans de petites zones considérées comme stables pour le moment. Dans ces zones, les personnes déplacées et les communautés qui les accueillent sont obligées de se disputer des denrées alimentaires, des emplois et des terres déjà limités, alors que l’aide internationale reste insuffisante.

Georgette est une femme déplacée à l’intérieur du pays qui a fui son village de Lonalo-LOTSIKPA depuis 2019 et se trouve maintenant dans le camp de Plaine Savo. Ses 5 années passées dans le camp ressemblent à un enfer pour elle. “J’ai l’impression d’être en prison ici, ce n’est pas un endroit que j’aime. J’aimerais rentrer chez moi. Il est difficile d’obtenir de la nourriture. Il n’y a pas beaucoup d’aide. L’accès à l’eau est également un problème. Je suis fatiguée de cette vie, surtout quand je vois mes enfants qui ne peuvent plus aller à l’école”, dit-elle.

L’impact transversal de la crise en Ituri se fait sentir à tous les niveaux et entraîne un cercle vicieux dangereux, car l’aide reste rare et les tensions augmentent. Les conflits liés à la terre et aux ressources sont de plus en plus difficiles à gérer pour les communautés locales, car les mécanismes traditionnels de résolution des conflits sont inadéquats face à cette détérioration rapide. Le manque de financement pour la cohésion sociale signifie que les conflits concernant les terres, les points d’eau et les moyens de subsistance continueront à compromettre l’avenir de l’Ituri pendant des années.

Les enfants vont souvent à l’école avec peu ou pas de nourriture, dans des classes surpeuplées et mal entretenues, ce qui a un impact négatif sur les résultats scolaires et le bien-être psychosocial. Alors que les écoles devraient représenter des environnements sûrs pour l’apprentissage et la socialisation, les recherches du NRC montrent que près d’un parent sur quatre en Ituri craint pour la sécurité de ses enfants lorsqu’ils sont à l’école. L’éducation est un élément essentiel pour construire des solutions pacifiques à long terme.

Pour faire face à la crise dans la province, il faut une réponse globale qui s’appuie sur des ressources suffisantes et qui réponde aux besoins immédiats tout en élaborant des solutions durables pour les personnes touchées.

“Nous devons aider les communautés à rétablir la confiance et les relations entre elles afin d’éviter que les conflits ne se multiplient à l’avenir. Pour résoudre la crise humanitaire, il faudra trouver des solutions pacifiques à partir de la base. Cet objectif peut être atteint en renforçant le soutien aux initiatives de transformation des conflits et de cohésion sociale en Ituri”, déclare Eric Batonon.

Note aux rédacteurs.

-Le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) s’efforce de répondre aux besoins urgents des enfants touchés par la crise en leur apportant un soutien éducatif et psychosocial, en construisant davantage de salles de classe et d’abris pour les communautés déplacées, et en améliorant leur accès à l’eau et à la terre. -En décembre 2023, quelque 97 000 personnes nouvellement déplacées ont été recensées dans les alertes suite aux attaques des groupes armés dans les régions de Mahagi, Djugu, Mambasa et Aru. (UNOCHA) -La province de l’Ituri abrite la deuxième plus grande population de déplacés et de rapatriés de toutes les provinces de la RDC (1,6 million et 1,2 million d’individus respectivement) (OIM).

  • Entre janvier et mars 2024, 198 attaques par des groupes armés ont eu lieu en Ituri, causant 651 victimes, selon l’International NGO Safety Organisation, ce qui représente une augmentation de 10 pour cent des attaques par rapport à la même période six mois auparavant (INSO).
  • Une évaluation du NRC datant de novembre 2023 montre que 22% des parents en Ituri craignent pour la sécurité de leurs enfants sur le chemin de l’école ou une fois à l’école (NRC).

Pour plus d’informations ou pour organiser une interview, veuillez contacter :

-Le service médias de NRC: media@nrc.no , Tél: +47 905 62 329

-Ousmane Drabo, conseiller régional pour les médias à Dakar, Mob/ WhatsApp: +221776234040, ousmane.drabo@nrc.no



Leave a Reply