- June 10, 2025
- Posted by: humanitarianweb
- Category: Humanitarian News
GENÈVE – Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, tire la sonnette d’alarme face à l’aggravation de la crise humanitaire dans l’est du Tchad, où le nombre de réfugiés soudanais a plus que triplé en un peu plus de deux ans de conflit meurtrier.
Depuis avril 2023, plus de 844 000 réfugiés soudanais ont franchi la frontière tchadienne. Avant cette nouvelle crise, le Tchad accueillait environ 409 000 réfugiés soudanais qui avaient fui les précédentes vagues de conflit au Darfour entre 2003 et 2023. En un peu plus de deux ans, le pays a vu sa population de réfugiés dépasser 1,2 million de personnes, un chiffre bien supérieur à celui enregistré au cours des deux décennies précédentes. Cette situation met à rude épreuve la capacité du Tchad à faire face à l’afflux de réfugiés.
La dernière vague d’arrivées au Tchad a commencé fin avril 2025, à la suite d’attaques violentes perpétrées par des groupes armés dans le nord du Darfour début avril. Les attaques contre des camps de déplacés, notamment à Zamzam et Abu Shouk, ainsi que dans la ville d’El Fasher, ont fait plus de 300 morts parmi les civils et poussé des dizaines de milliers de personnes à fuir en quête de sécurité. En un peu plus d’un mois, 68 556 réfugiés sont arrivés dans les provinces tchadiennes de Wadi Fira et Ennedi Est, avec une moyenne de 1400 personnes franchissant la frontière quotidiennement ces derniers jours. Ces civils fuient dans la terreur, souvent sous les tirs, et doivent franchir des postes de contrôle, faire face à des extorsions et à des restrictions strictes imposées par les groupes armés.
Les équipes de protection du HCR ont interrogé 6810 réfugiés nouvellement arrivés depuis fin avril, qui ont livré des témoignages bouleversants sur les violences et les pertes subies. Pas moins de 72 % d’entre eux ont fait état de violations graves des droits humains, notamment de violences physiques et sexuelles, de détentions arbitraires et de recrutements forcés ; 60 % ont déclaré avoir été séparés des membres de leur famille.
Outre l’urgence liée aux déplacements de populations, une crise dévastatrice touche les enfants.
Parmi les enfants en âge scolaire, 66 % ne sont actuellement pas scolarisés. Trente enfants sont arrivés avec des blessures graves.
Parmi eux se trouve Hawa, une fillette de sept ans qui a fui au Tchad avec sa sœur aînée après avoir perdu sa mère, son père et ses deux frères lors d’un bombardement à Zamzam. Lors de l’attaque, Hawa a été gravement blessée et a dû être amputée d’une jambe. Son histoire n’est qu’un exemple parmi tant d’autres qui témoignent des conséquences physiques et psychologiques dévastatrices de la guerre qui sévit actuellement au Soudan sur les civils. Il est urgent de renforcer les services de santé et le soutien psychologique afin de soulager les souffrances immédiates des populations et de jeter les bases du relèvement et de la réconciliation.
Malgré les efforts des partenaires humanitaires et des autorités locales, les interventions d’urgence restent largement sous-financées. Les conditions d’hébergement des populations sont tout aussi désastreuses. Seuls 14 % des besoins actuels sont couverts, laissant des dizaines de milliers de personnes exposées à des conditions météorologiques extrêmes et à l’insécurité. Les réfugiés ne reçoivent actuellement que 5 litres d’eau par personne et par jour, ce qui est bien en deçà de la norme internationale de 15 à 20 litres pour les besoins quotidiens de base. Cette grave pénurie oblige les familles à faire des choix cornéliens qui mettent en péril leur santé et leur dignité. En outre, environ 290 000 réfugiés sont toujours bloqués à la frontière, exposés aux intempéries, à l’insécurité et au risque de nouvelles violences.
Le HCR souligne également la nécessité pour la communauté internationale de prendre conscience de la gravité des violations des droits humains commises au Soudan et d’agir pour y mettre fin. Les violences à El Fasher et dans ses environs, la multiplication des postes de contrôle et les restrictions de mouvement imposées par les groupes armés rendent les déplacements des civils de plus en plus périlleux et contribuent à accroître les risques pour ceux qui tentent de fuir.
Dans le cadre de la réponse régionale en faveur des réfugiés du Soudan, le HCR et ses partenaires au Tchad sollicitent d’urgence 553,7 millions de dollars pour répondre aux besoins vitaux des réfugiés qui fuient le Soudan vers l’est du Tchad, notamment en matière de protection, d’hébergement, de nourriture, d’eau et d’assainissement.
Depuis le début de la guerre, qui en est maintenant à sa troisième année, quatre millions de personnes ont fui le Soudan vers les pays voisins. C’est un chiffre terrible qui illustre la gravité de ce qui constitue actuellement la crise de déplacement la plus grave au monde. Si le conflit se poursuit, des milliers d’autres personnes continueront de fuir, mettant en péril la stabilité régionale et mondiale.
Il s’agit d’une crise humanitaire et sécuritaire qui touche avant tout les enfants. La vie et l’avenir de millions de civils innocents, dont des enfants comme Hawa, sont en jeu. Sans une augmentation significative des fonds, l’aide vitale ne pourra être fournie à l’échelle et à la vitesse requises.
Pour de plus amples informations sur ce sujet, veuillez svp contacter :
- A N’Djamena, Aristophane Ngargoune, ngargoun@unhcr.org, +235 66 98 37 92
- Pour le Soudan, Assadullah Nasrullah, nasrulla@unhcr.org, +254 113 676 413
- A Dakar (régional), Alpha Seydi Ba, baalp@unhcr.org, +221 77 345 74 54
- A Nairobi (régional), Faith Kasina, kasina@unhcr.org, +254 113 427 094
- A Genève, Eujin Byun, byun@unhcr.org, +41 79 747 8719
- A Genève, Olga Sarrado, sarrado@unhcr.org, +41 797 402 307