GENÈVE – Les autorités provisoires syriennes doivent garantir l’établissement des responsabilités et la justice face aux meurtres et autres violations flagrantes des droits humains commis dans la ville de Suweida, dans le sud du pays, a déclaré aujourd’hui Volker Türk. Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a également réitéré son appel en faveur d’une nouvelle Syrie qui fonctionne pour tous, et où tous les habitants sont égaux en dignité et ne subissent aucune discrimination.
Des informations crédibles reçues par le HCDH font état de violations et d’atteintes généralisées, notamment d’exécutions sommaires et arbitraires, d’enlèvements, de destructions de biens privés et de pillages d’habitations. Parmi les auteurs signalés figuraient des membres des forces de sécurité et des personnes affiliées aux autorités provisoires, ainsi que d’autres éléments armés de la région, notamment des Druzes et des Bédouins. Cette situation a entraîné un déplacement massif de la population dans le gouvernorat majoritairement druze.
« Cette effusion de sang et cette violence doivent cesser, et la protection de toutes les personnes doit être la priorité absolue, conformément au droit international des droits de l’homme », a déclaré M. Türk. « Des enquêtes indépendantes, rapides et transparentes doivent être menées sur toutes les violations, et les personnes responsables doivent être amenées à rendre des comptes, conformément aux normes internationales. Il faut également mettre fin à l’incitation à la violence et aux discours de haine, en ligne et hors ligne. »
« Il est essentiel que des mesures immédiates soient prises pour éviter que de telles violences ne se reproduisent. La vengeance n’est pas la solution. »
Lors d’un incident survenu le 15 juillet, le HCDH a recensé au moins 13 homicides illicites lorsque des individus armés affiliés aux autorités provisoires ont délibérément ouvert le feu lors d’une réunion de famille. Le même jour, ils auraient exécuté sommairement six hommes près de leur domicile lors de deux incidents distincts. Le HCDH a également documenté l’humiliation publique d’un homme druze, y compris le rasage forcé de sa moustache, un symbole culturel important pour la communauté druze.
Au total, des centaines de personnes auraient été tuées depuis le 12 juillet.
« Le HCDH a reçu des témoignages de Syriens en détresse qui craignent pour leur vie et celle de leurs proches », a déclaré le Haut-Commissaire. « Le déploiement des forces de sécurité de l’État doit apporter sécurité et protection, et non ajouter à la peur et à la violence. »
Il a également fait part de ses préoccupations concernant les informations faisant état de victimes civiles à la suite des frappes aériennes israéliennes sur Suweida, Deraa et dans le centre de Damas. « Les attaques telles que celle qui a visé Damas mercredi dernier font courir de grands risques aux civils et aux biens de caractère civil. Ces attaques doivent cesser », a déclaré le Haut-Commissaire.
Volker Türk a appelé à un processus d’examen approfondi, urgent et indépendant pour s’assurer que les personnes responsables de violations des droits humains et d’atteintes à ces droits ne soient pas intégrées dans les structures militaires ou de sécurité officielles du pays. « Il s’agit d’une étape essentielle pour rétablir la confiance du public et faire progresser la transition de la Syrie », a-t-il déclaré.
Il a également demandé aux autorités provisoires syriennes de publier les résultats des enquêtes menées par la commission nationale d’établissement des faits sur les violences survenues dans les zones côtières au début de l’année.
« Des enquêtes impartiales et approfondies sur les violences récentes renforceraient également le processus plus large de justice transitionnelle en cours afin de garantir que les responsables des violations et atteintes passées rendent des comptes », a ajouté le Haut-Commissaire. « Le peuple syrien mérite la vérité, l’établissement des responsabilités et la garantie que de telles violations ne se reproduiront pas. »
« Avec la chute de l’ancien gouvernement, la population syrienne a espéré un avenir meilleur fondé sur les droits humains. Il incombe aux autorités provisoires de démontrer que ce chapitre sera défini par les droits, la justice et la protection égale pour tous. »