Myanmar : un expert de l’ONU réclame une action internationale plus forte pour mettre fin aux atrocités

L’expert indépendant des Nations Unies sur les droits de l’homme au Myanmar a appelé, mercredi, la communauté internationale à prendre des mesures énergiques et coordonnées pour protéger les civils des atrocités commises par les autorités militaires de ce pays d’Asie du Sud-Est.

Le déclin constant de la junte militaire du Myanmar, dû aux pertes considérables subies sur le champ de bataille et à l’opposition généralisée des citoyens, l’a amenée à multiplier les attaques contre les civils, soulignant ainsi la nécessité d’une action internationale plus forte et coordonnée, a déclaré mercredi Tom Andrews, Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme au Myanmar.

Il a appelé à la fin de « l’apaisement et de l’engagement avec la junte sans conditions ». « Pour aller de l’avant, la première condition doit être d’arrêter les massacres », a-t-il fait valoir.

Des raids aériens contre les cibles civiles multipliés par cinq

Cette nouvelle mise en garde intervient alors que les cinq derniers mois ont été marqués par une nette escalade des attaques contre les civils. « Les frappes aériennes contre des cibles civiles ayant été multipliées par cinq », a affirmé M. Andrews, qui fustige aussi le campagne de recrutement militaire forcé, poussant les jeunes à se cacher, à fuir le pays ou à rejoindre les forces de résistance.

« Bien que désespérée et de plus en plus isolée, la junte reste extrêmement dangereuse », a insisté le Rapporteur spécial. A ce sujet, il a salué les mesures prises par les gouvernements pour réduire les livraisons d’armes et d’argent, mais il a appelé à une plus « grande coordination stratégique ».

L’expert indépendant onusien a ainsi félicité le gouvernement de Singapour d’avoir lancé une enquête sur les armes transférées au Myanmar par des entités basées à Singapour. « Je suis très heureux d’annoncer que les transferts d’armes par des entités basées à Singapour ont chuté d’environ 80 % en 2023 », a-t-il déclaré au Conseil des droits de l’homme.

« Tant que les atrocités de la junte n’auront pas pris fin, la communauté internationale doit apporter un soutien accru à ceux qui risquent leur vie pour venir en aide aux personnes déplacées et vulnérables, notamment en augmentant le financement de l’aide transfrontalière et des initiatives de la société civile dans les zones contrôlées par l’opposition », a insisté l’expert.

La communauté rohingya particulièrement touchée par les bombardements

Sur le terrain, les membres de la communauté rohingya, assiégés, sont particulièrement touchés par les bombardements incessants des forces de la junte. Selon certaines informations, avant-hier encore, au moins 23 Rohingyas, dont de très jeunes enfants, ont été tués lors du bombardement d’un village rohingya dans l’État de Rakhine.

« Ces attaques et d’autres violations systématiques des droits de l’homme à l’encontre des Rohingyas se poursuivent sans relâche malgré les mesures provisoires imposées par la Cour internationale de justice dans l’affaire de génocide portée par la Gambie et à laquelle se sont joints plusieurs membres de ce Conseil ».

Les pertes massives au sein des forces de la junte, ainsi que les défections, les redditions et les problèmes de recrutement ont entraîné une diminution des effectifs. L’expert des Nations Unies a qualifié cette situation de « menace existentielle pour l’armée du Myanmar ». Il a averti que le chaos qui règne au Myanmar pourrait se propager dans la région et dans le monde.

Le chef de l’ONU appelle à protéger les civils

Lundi, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’est dit « profondément préoccupé par la détérioration de la situation et l’escalade du conflit au Myanmar ». Il a condamné toutes les formes de violence et réitéré son appel à la protection des civils, y compris des travailleurs humanitaires, à la cessation des hostilités et à l’accès humanitaire.

« L’expansion du conflit dans l’État de Rakhine entraîne des déplacements et exacerbe les vulnérabilités et la discrimination préexistantes. Le Secrétaire général appelle toutes les parties à empêcher toute nouvelle incitation aux tensions communautaires », a dit son porte-parole adjoint, Farhan Haq, dans une déclaration à la presse.

Il a ajouté que le chef de l’ONU était alarmé par les informations faisant état de frappes aériennes menées par l’armée. Il est préoccupé par les informations faisant état de détentions forcées et de recrutement de jeunes, notamment de Rohingyas, ainsi que par l’impact potentiel de la conscription forcée sur les droits humains et sur le tissu social des communautés du Myanmar.



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